Chaud. C'était de la chaleur qu'elle ressentait, ou autre chose, elle ne savait pas. Ses sens étaient embrouillés, elle errait sans but dans la plaine. Elle ferma les yeux un petit moment. Qu'était devenu le monde? Elle était bien avant. Elle mangeait à sa faim. Elle était propre. Ah ça, la propreté. Elle ne voulait que ça. Elle avait d'ailleurs précautionneusement retiré la crasse qui la couvrait avant même qu'elle ne s'incruste en elle. Que ferait l'unique survivant du monde? Elle n'avait vu aucun autre humain et elle doute encore qu'il y en ai en vie. Elle marchait d'une allure cadavérique, lentement, la faim la tenaillant jusqu'au bout. Ses mains bandées n'avait pas frappé de sac depuis plusieurs jours déjà, et ça leur manquait. Elle n'avait aucun but dans la vie, elle avait tout perdu. Elle rouvrit les yeux, le soleil de midi l'aveuglant, elle se couvrit le visage avec une main. Une partie d'elle même lui dit de faire attention aux humains. Enfin, le produit manufacturé issu de l'humain, qui errent un peu comme elle elle erre, mais pour dévorer tout ce qui bouge.
Elle était épuisée, essoufflée. Elle fut prise d'un rire nerveux. Cela fait bien dix jours. Peut être même treize que tout à commencé. Elle ne sait plus. Elle n'a pas compté. Peut être qu'elle était destinée à mourir, après tout. Mais non! Elle ne se laisserait pas faire. Elle luttera jusqu'au bout. Plus que quelques pas et elle devrait arriver à Atlanta, peut être pourra-t-elle trouver de la nourriture, important la nourriture. Non. Encore plus important : des vêtements neufs. Ses vêtements n'étaient pas particulièrement sales, mais ça l'insupportait. Elle tenta de ne pas y penser, ne voulant pas piquer une crise de panique.

Le soleil lui frappait sur la tête, elle respirait un peu bruyamment, fatiguée, elle tentait de le camoufler au maximum pour ne pas se faire entendre des morts. C'était comme cela qu'elle les appelait, il n'y avait pas d'appellations plus correctes pour eux selon elle. Des personnes qui se relevaient de leurs sommeils, dans un état déplorable et avec un comportement bestial de prédateur, ils ne semblaient pas ressentir la douleur également. Non, il n'y avait plus rien d'humain en eux et Kassandre l'avait comprit en étant confronté à eux.

Elle avait trouvée une compresse dans une maison abandonnée aux alentours d'Atlanta et l'avait imbibée d'eau dans une rivière. Elle s'en servait pour nettoyer de temps en temps sa plaie du coté droit de son nez. Cette dernière avait arrêtée de saigner mais la jeune femme craignait encore une infection si elle ne faisait pas suffisamment attention et une infection serait surement une des pires choses qui pourrait lui arriver. De la crasse recouvrait des parties de son visage et par endroit elle avait l'impression que sa peau était devenu plus sèche et rêche. Elle s'était bien sur mouiller le visage à la rivière mais rien n'y faisait, de la saleté restait incrustée et au fur et à mesure de ses excursions, encore plus s'installait. Cependant, même si c'était très gênant, ce n'était pas sa priorité, elle avait faim, très faim. Elle devait trouver de la nourriture, elle avait fait quelques maisons mais malheureusement les personnes qui avaient fuient, avaient aussi emportés une bonne partie de leurs provisions. Sans compter que souvent il y avait un ou deux morts coincés dans ces maisons et que Kassandre n'avait pas trouver l'ombre d'une arme pour se défendre.

Elle se déplaçait donc désormais dans l'ombre des forêts, se sentant plus en sécurité que près de la civilisation. Elle espérait tomber sur un lapin ou un animal du genre qu'elle tuerais à coup de... pierres ou de poings? ... Elle avait tellement faim.

Il n'y avait pas que la faim. La soif la prenait de plein fouet, aussi. Et le soleil n'arrangeait rien, elle n'en pouvait plus. Elle tenta de se concentrer, titubant par moments. Il fallait qu'elle se couvre. Qu'elle fuie cette torture naturelle qui lui brûlait la peau. Elle n'était pas loin de la forêt, une cinquantaine de mètres tout au plus. Elle serra la mâchoire et réuni les forces qui lui restait pour mettre un pas devant l'autre. Il fallait qu'elle soit forte, il fallait qu'elle aille droit. Elle e oublia même la réalité, son unique objectif était de marcher vers la forêt. Elle jeta un oeil à ses bottes crasseuses, grimaçant aussitôt. Elle préféra relever la tête pour ne pas y penser, marchant droit. C'était pour elle d'interminables secondes. Le temps semblait avoir décidé de ralentir tout à coup.
Vingt mètres. Elle n'en pouvait plus, ses jambes criaient la fatigue, son estomac de la nourriture.
Dix mètres. Il n'y avait pas que ça. Son corps réclamait de l'eau, sa conscience des vêtements propres.
Enfin elle atteignit le premier arbre. Elle y pris appui, ses jambes prêtes à lâcher. Mais il fallait avancer plus. Cate se propulsa avec ses bras jusque l'autre arbre, remuant un peu le feuillage alentours. Elle faisait du bruit. Mais qu'est ce qu'elle s'en foutait. Elle crèverait et puis voilà, c'était son destin. Enfin, sa vision de son destin. Elle fit le pas de trop. Ses jambes lâchèrent toute tentative de prise et elle tomba lamentablement provocant un bruit sourd mêlé aux feuillages secoués. Ah, le sol. Les insectes. Et tout les déchets et nids à saletés. Mais tout ça, elle n'y pensait pas. Elle était fatiguée. Elle aurait bien voulu piquer un somme, mais une force au fond d'elle lui incita à rester éveillée, à se relever. Mais elle n'y arrivait pas. Elle divaguait face contre terre, entre le réveil et le sommeil.

La jeune femme avait déjà étanchée sa soif et repérer deux ou trois points d'eau intéressant. Cependant son ventre commençait à la tirailler légèrement et elle ne se sentait pas au meilleurs de sa forme. Pourquoi avait-il fallut que les choses changent de cette façon? Se disait-elle, n'avait-elle pas assez batailler et souffert lors de son enfance et de son adolescence? Fallait-elle que toute sa jeunesse ait été une guerre pour son bien être puis maintenant pour sa propre survie ? Est-ce que sa vie ne se résumerait qu'à cela désormais? Survivre au jour le jour sans ne jamais pouvoir penser au lendemain? Elle avait encore du mal à complètement s'y faire.

Elle chassa ces pensées de son esprit, elle n'avait pas le temps pour cela, elle devait devenir forte, résistante, autant mentalement que physiquement. Sinon elle ne survivrait pas, elle ne retrouverais jamais ceux qu'elle a aimé et cela, elle se l'interdisait. Elle allait montrer à tout le monde qu'elle était plus que l'étudiante solitaire un peu bizarre, que l'on prenait d'ailleurs parfois pour une sorcière vue son caractère, qu'elle était plus forte que ça. Elle serait une survivante.

Suivant cet état d'esprit et cette toute nouvelle montée de motivation elle avança avec plus de rythme dans la forêt, faisant bien attention aux bruits environnants. Il n'y eut rien pendant longtemps, pas l'ombre d'un petit animal, pas l'ombre d'une vie, même pas l'ombre d'un mort. Puis à un moment elle entendit la végétation frémir non loin de sa position. Elle s'accroupie, se cachant derrière les plantes et les arbres pour observer. Elle pouvait effectivement voir une silhouette à quelque dizaines de mètres mais cette dernière était en contre-jour et elle n'arrivait pas à savoir si il s'agissait d'un mort ou d'un autre survivant. Au moins ça ne produisait pas encore le râle caractéristique des morts, mais... Elle se demandait si elle voulait réellement croiser un survivant. Les récents événements ne l'avaient pas aidés à améliorer sa confiance envers les autres, au contraire.

Son dilemme fut cependant rapidement déjoué quand elle vit la silhouette perdre l'équilibre puis tomber la tête la première au sol dans un grand bruit sourd. Kassandre sursauta. Putain, quel idiot! Pensa-t-elle, Le bruit va attirer les morts!. Elle grinça des dents, mécontente mais se décida finalement d'approcher, restant tout de même accroupie et la plus discrète possible. Qui sait, peut être que cette personne avait des ressources qui lui serait utile? Voler? Je ferais vraiment ça maintenant? ... Enfin... en même temps, vu son état... Il aura pas grande utilité de ce qu'il a maintenant. pensa-t-elle pour se réconforter alors qu'elle était en plein dilemme moral.

Elle arriva alors enfin à portée de l'inconnu et elle reconnu assez facilement les traits d'une femme. Cependant ce qui la surprit le plus fut les vêtements et les cheveux de cette personne, elle pensait les reconnaître, mais elle espérait vraiment se tromper. Elle s'élança vers la silhouette au sol, laissant tomber sa discrétion et l'agrippa par les épaules pour la forcer à se relever un peu et voir son visage. Son sang ne fit alors qu'un tour.

Il s'agissait bien de Cate, sa meilleure, pour ne pas dire seule, amie. Elles partageaient la même chambre de dortoir et étudiaient dans la même classe. BORDEL, Qu'est-ce qu'elle fait là ?! Qu'est-ce que je dois faire ?. Elle essaya de lui parler mais sa voix tremblait alors qu'elle semblait surmenée par la situation.


Lui dit-elle pour qu'elle passe son bras derrière son cou alors qu'elle se redressait pour l'aider à marcher.

Le choc ne se fit même pas ressentir. Elle était tout simplement tombée, mais elle était trop ailleurs pour s'en rendre compte. Cate lutta intérieurement contre son propre corps. Elle sait bien qu'il ne fallait pas qu'elle dorme. Toute sa vie elle avait lutté pour sa survie dans un monde déjà favorisé, mais ici c'était différent. Elle devait donner le maximum de ses capacités. Elle serra dans ses mains les feuilles tombées, serrant la mâchoire. Seulement, elle se détendit bien rapidement. Elle perdait en force, elle était bien, là, allongée. Elle entendit des bruits de pas, feutrés, le craquement des feuilles lui permettant de les distinguer. Ça y est, ils étaient là pour elle, ce serait la fin de l'humaine à être morte plus tard que les autres. Elle avait gagné quoi, une semaine? Rien grand chose.

Cate ferma les yeux, résignée sur un sort auquel elle ne pensait même pas, trop assoiffée pour ça. Elle n'eu pas le temps de sombrer dans un sommeil éternel alors qu'elle se faisait secouer par une voix lointaine. Elle rouvrit les yeux et découvrit des traits flou. Après une rapide mise au point, elle découvrit les traits d'une personne qu'elle avait cru jusqu'à lors morte.

"K... Kassandre..." répondit-elle d'une faible voix, rassemblant ses forces pour se relever, exploitant l'aide proposée. Elle se laissa pendre à la nouvelle apparition, se laissant guider hors de cet endroit devenu potentiellement dangereux.

"S... Suis-je déjà morte...?" souffla-t-elle d'une voix rauque.

Kassandre força un peu pour se redresser, n'ayant plus toutes ses forces il lui était un peu difficile de soutenir son amie retrouvée cependant elle se sentait empli d'une motivation et d'une force totalement nouvelle, elle n'était plus seule et c'était tout ce qui comptait. Elle réussit donc à l'aider à marcher, elles devaient bouger et rapidement. Rester trop longtemps au même endroit n'était pas du tout une bonne idée. La jeune femme prit tout de même cinq bonnes secondes pour observer rapidement son amie, vérifier son état général. Elle ne semblait pas blessée, juste très épuisée. Tant mieux, elles allaient ainsi pouvoir partir tout de suite. Tant pis pour la faim, Kassandre mangerait plus tard, de toute façon elle pouvait bien se priver encore un peu. Elle n'arrivait pas encore à réaliser qu'elle avait retrouvée son amie, elle ne réalisait pas encore sa chance ce jours là. Tout ce qui lui importait pour le moment était de faire du chemin, beaucoup de chemin, de ne jamais se faire rattraper par les morts, de survivre. La jeune femme grimaça tout de même à la question de son amie, peu satisfaite du ton et du sens de cette dernière, elle s'empressa alors de rétorquer sur un ton faussement sec.


Lui cracha-t-elle, bien sur amicalement, un peu comme une vanne qui avait pour objectif de lui répondre que oui, elle était encore bien parmi les vivants et qu'elle avait intérêt de survivre! Elle venait de retrouver son amie et ne comptait pas la laisser repartir d'aussitôt! La jeune femme se sentait bien plus libre qu'avant et capable de bien plus de chose maintenant que son amie était avec elle. Kassandre et Cate s'éloignèrent alors de cet endroit, s'enfonçant d'avantage dans la forêt.