La nuit avait été courte pour Noah. Les rencontres de la veille avait fragilisé son esprit ce qui ne l'avait pas aidé à trouver le chemin du sommeil. Et puis, il fallait avouer qu'Atlanta n'était pas le meilleur endroit pour passer des jours heureux. Il avait eu beau se nicher dans l'arrière boutique d'un vieux magasin, il n'avait cesser d'entendre des bruits étranges provenir de l'extérieur. Ces derniers provenaient soit de mordeurs qui se cognaient contre la grille en fer qui protégeait la devanture, soit de coups de feu qu'on entendait au loin. L'ancien urgentiste avait même cru percevoir un cri perçant traverser les ténèbres de la nuit. Bref rien n'était réuni pour permettre à notre survivant de dormir à poing fermé. D'autant que l'excitation qui le tiraillait, sur le fait de savoir qu'il n'était plus très loin de la zone sécuritaire où il espérait retrouver sa femme et son fils, n'allait pas arranger la situation.

Il ne fut donc pas étonnant de le voir reprendre la route au levé du soleil. Accentuant davantage sa prudence afin de ne pas être le prochain repas des bouffeurs de chair, Noah prit la route qui le conduirait jusqu'à l'entrée de la zone. Malheureusement pour lui, il dut opérer plusieurs détours dans la ville tant l'invasion était grande. Un détour de quelques kilomètres mine de rien qui ne pesa pourtant pas sur sa motivation. Le destin avait beau s'amuser avec ses nerfs, il ne lâcherait pas ! Il était si proche du but... Enfin, si seulement il savait ce qui l'attendait vraiment. Il tourna au dernier carrefour qui le séparait de la soit disant zone et là ce fut comme si le monde s'écroula à nouveau devant lui.

Ses bras retombèrent le long de son corps et sa mine se figea tandis qu'il observait, abattu, ce qui ne ressemblait plus qu'à un champs de ruine. Des immeubles entiers s'étaient effondrés dans le périmètre, détruits en partie par ce qui semblait avoir été un bombardement. Errant à présent comme l'un de ces morts vivants, Noah était sous le choc et n'avait plus conscience de ce qu'il faisait. Absolument plus à couvert, il marcha lentement vers l'entrée du sanctuaire tant recherché. Des centaines de rôdeurs braillaient à l'intérieur des grilles qui par chance pour lui tenaient encore debout. Et c'est à mi chemin que son corps lâcha. Tombant lourdement sur ses genoux, l'urgentiste n'était plus de ce monde... Dans son esprit du moins.

No... Non ! Ce... Ce n'est pas possible ! Gémissait-il alors que des larmes le gagnaient peu à peu avant de ruisseler sur ses joues.

Il avait suivi son cœur jusqu'à ce jour. Et même si ça raison n'avait cessé de le mettre en garde, il avait préféré s'accrocher à l'espoir qu'un jour il les retrouverait. Cet espoir n'était plus à présent. Bombardé comme ce camps de survie, il n'était plus que le vestige d'un monde oublié. Qu'allait-il devenir à présent ? Pourquoi vivre d'ailleurs si ceux qu'il aimait n'étaient plus de ce monde. Il serait bien plus heureux en les rejoignant de l'autre côté.

Écoutant sa voix suicidaire, Noah n'avait plus conscience du danger qui rôdait autour. D'ailleurs, un marcheur s'approchait dangereusement de lui, prêt à se régaler de ses entrailles. Si le pauvre ne réagissait pas dans les prochaine secondes, ses efforts pour survivre jusqu'ici auraient été fais en vain.

Secondes après secondes, on pouvait entendre les lamentations du rôdeur se rapprocher de Noah. Et à en croire le rythme effréné que prenaient ces dernières, l'excitation était à son comble chez le bouffeur de chair qui devait déjà s'imaginer entrain de déguster tranquillement le foie de l'ancien urgentiste en guise de mise en bouche. Ce tableau peint était horrible et toute personne censée aurait tout tenté pour que cela ne devienne pas la réalité. Mais pas Noah. Pas dans l'état où il était à cet instant précis. Il était détruit de l'intérieur. Tout ce en quoi il croyait avait volé en éclat. Il n'avait plus de repère, errant avec un chagrin innommable sur l'océan de la perdition. La mort semblait la seule réponse à ses souffrances. La mort pour oublier et rejoindre les être aimés.

C'est du moins les pensées qui virevoltaient dans son esprit avant que tout ne soit chamboulé par un coup du destin. Alors que les larmes ruisselaient sur ses joues, alors que la première morsure se ferait dans les prochaines secondes, alors qu'il était prêt à passer de l'autre côté, quelqu'un en décida autrement. Tout se déroula dans son dos ce qui ne lui permit pas de voir ce qu'il se passait vraiment. Ce dont il était sûr c'est que le rôdeur avait été coupé dans sa course car personne n'enfonça ses canines dans sa peau. A la place, on l'attrapa fermement par le col et on le tira de manière brutale pour l'obliger à se lever.

Déséquilibré, Noah traîna d'abord les genoux au sol avant de réussir à trouver le moyen de se relever et de se libérer sur l'emprise qu'on lui avait imposé. C'est là qu'il vit vraiment la réalité à laquelle il avait tenté de se confronter : Le rôdeur, sou bourreau, gesticulait encore sur le sol à quelques mètres de là. La jambe cassée en deux, il peinait à se relever pour tenter une nouvelle attaque. A qui devait-il tout ça ? A cet femme qui l'observait d'un regard décidé et qui venait de le sermonner pour qu'il s'accroche à la vie. Mais avait-elle songé une seule seconde au fait qu'il avait pu choisir délibérément de s'offrir à la mort ? L'ai un tantinet agacé, il prit à son tour la parole.

Vivre... VIVRE ! Mais ne vois-tu pas qu'il n'y a plus espoir ! On est tous destiné à crever alors que ce soit aujourd'hui ou demain tu crois vraiment que ça changera quelque chose !

L'échange un peu tumultueux qui était né entre les deux individus n'était pas passé inaperçu. Si le zombi unijambiste avait toujours autant de mal à revenir à l'attaque, des groupes de rôdeurs se rapprochaient de plus en plus des grilles qui dessinaient le périmètre de l'ancienne zone sécuritaire. Pour le moment, rien d'alarmant n'était à prévoir. Mais si les choses continuaient ainsi, leur nombre risquait d'avoir l'ascendant sur la solidité de la structure.

Laisses moi ! Ajouta Noah en tournant le dos à son interlocutrice. Je les ai abandonné alors je mérite le même sort.

Sans doute Roxy n'avait elle aucune idée de ce qu'il avait voulu dire. Mais les traces laissées par son chagrin allait sans doute lui faire comprendre que Noah n'était pas entrain de vivre le meilleur moment de sa vie.

Noah fit quelques pas dans la direction inverse que lui avait indiqué la jeune femme qui était venue pour le secourir. Il n'avait pas envie de l'être et préféré rester seul face au destin fueste qui l'attendait. Sous le choc de ce qu'il avait enfin voulu admettre, l'urgentiste n'avait plus vraiment de raison de s'accrocher à la vie. Seulement, il refusait également d'avouer que la mort lui faisait tout autant peur. Surtout si c'était pour devenir une de ces choses bouffeur de chair humaine. Soudain, une horrible pensée monopolisa ses pensées : Et si Rebecca et leur fils étaient devenus eux aussi des rôdeurs... Ne devait-il pas se battre pour eux ? Pensif, Noah se perdit dans ses pensées.

Les grognements tout autour du duo s'intensifièrent et on pouvait constater que la zone devenait de plus en plus dangereuse pour eux. Si une vingtaine de rôdeurs frappaient sur la grille, une autre poignée était apparue au bout de la rue et venait de les repérer. Il ne restait donc plus que quelques minutes avant qu'ils ne soient assaillis. Et à deux contre toute cette horde, l'espoir de survivre ne montait pas plus haut que zéro. Pour autant, la miss ne sembla pas effrayée par les circonstances environnantes. Elle semblait décidé à secourir le suicidaire et décida de s'imposer à lui quitte à risquer sa vie. Avait-elle au moins conscience que leur mort était proche si elle persistait ?

Ceux qui en valent la peine ? Répéta amusé Noah. Mais tu ne me connais pas !

Sur cette phrase criait du cœur, il ne faisait nul doute que Noah était quelqu'un de détruit à l'intérieur. Il s'était retourné vers le brunette laissant paraître des yeux larmoyants. Elle insistait pour l'aidait. Elle insistait pour savoir. Elle lui imposait de revivre cette idée qu'il avait tant de mal à accepter. L'air oscillant entre colère et chagrin, il hésita un instant avant de choisir le sentier de la confidence.

Ma femme... mon fils... Je n'ai pas été là quand tout ça nous est tombé sur la tronche... Et... Et regarde à présent ! Lança-t-il en levant les bras et en montrant tout ce qu'il restait de l'ancienne ville. Ils sont morts par ma faute ! J'aurais du... J'aurais du être là !

La grille commença à grincer et à pencher sur leur droite, signe que la horde qui s'était regroupée commençait à être bien trop nombreuse pour être contenue. Si les deux individus tenaient à la vie, il ne fallait plus qu'ils tardent trop à s'enfuir.

Noah venait de craquer et avait révélé son ressenti le plus profond à cette femme qu'il ne connaissait ni d’Ève ni d'Adam. Et jouant les bourreaux de sa culpabilité, les rôdeurs avoisinants se faisaient de plus en plus nombreux, de plus en plus bruyant et donc de plus en plus dangereux. Il était évident qu'il ne leur restait plus beaucoup de temps avant d'être assailli. Malgré cela, l'urgentiste se donnait encore le temps d'hésiter entre la vie et la mort.

Ce tableau peint était peu attirant il fallait l'avouer. Seulement l'humanité n'avait pas totalement disparu sur Terre. Pas encore. Roxy persistait dans l'aide qu'elle voulait lui apporter et il fut surpris de la voir lutter pour ne pas l'accompagner dans ses pleurs. Au lieu de tourner les talons et de penser qu'à ses fesses, elle insista une fois encore à le sauver. Quelques secondes après ses aveux, Noah se retrouva entre les bras de la jeune femme entrain de sangloter tandis qu'elle le consola comme elle le put. Elle aussi avait vécu des drames innommables et lui prouva qu'on pouvait être capable de vivre avec malgré la douleur.

Les grilles grincèrent une fois encore mais cette fois-ci de manière plus inquiétantes. La rupture était proche. Trop proche. Ecarquillant les yeux en comprenant ce qui était sur le point de se produire, Noah redressa la tête et observa autour de lui. La grille oscilla une fois encore. Malheureusement, cette fois-ci, au lieu de se redresser, elle plia et céda sous le poids du nombre de rôdeurs qui s'étaient amassés à leur côté, attirés par le sang et le bruit qu'ils faisaient. Le cœur des survivants s'emballant, il fallait agir et vite.

Allons y ! S'écria Noah en prenant la main de sa sauveuse pour partir au pas de course.

Seulement, alors qu'ils prenaient la direction qu'elle lui avait indiqué pour récupérer son véhicule, une autre horde de zombie leur barra la route. Ils étaient presque encerclés et s'ils passaient par là, leur vie était fichue. Ne lâchant à aucun moment la main de celle qui l'avait extirpé d'une mort certaine, Noah décida de s'enfoncer un peu plus loin dans la seule direction qui leur était accessible : le centre ville.

Leur fuite dura un bon cinq minutes avant qu'ils ne trouvent refuge dans les hauteurs. C'est d'ailleurs les toits d'Atlanta qui leur donnèrent accès à un ancien magasin de sport encore protégé de l'invasion zombies. Ils prirent alors l'endroit comme lieu de refuge provisoire. Le temps que les rues soient plus sûres pour rejoindre le véhicule de Roxy. Le temps que Noah se remette de son affreuse découverte. A peine couché dans un sac de couchage, il tomba d'ailleurs dans un semi coma qui dura de longues heures. Sous le choc, Noah Walsh venait de comprendre que c'était la fin de l'espoir.

PS : Fin pour moi au vu de l'archivage prochain des sujets de l'épisode 1
Merci beaucoup pour ce sujet que j'ai fort apprécié & marquant un tournant pour mon personnage