Tandis que les survivants de la colline faisaient leur possible pour remettre en état le campement et faire leur deuil, une petite silhouette se faufilait entre les différents abris. Ce jeune garçon avait un plan en tête, il avait commencé à y cogiter juste après l'attaque du campement par les rôdeurs et le moment était venu pour lui de passer à l'action. Un sac à dos sur l'épaule, Carl était sortie de la tente une fois que ses parents l'avaient quitté des yeux et avait profité de l'occupation des survivants pour s'éclipser. En chemin, il avait croisé le regard de Shane qui lui avait demandé où il se rendait, mais il avait simplement haussé les épaules en tentant de faire bonne figure pour ne pas éveiller les soupçons de celui qu'il considérait comme un oncle. Depuis que Rick était revenue dans la vie de Lori et Carl, l'ancien ami du shérif adjoint avait pris ses distances et ce n'était pas pour plaire à Carl, toutefois cela lui permettait peux être de ne pas avoir à se justifier sur ce coup-là.

Après plusieurs minutes de marches, Carl se tenait donc en retrait du campement, sur un chemin de terre près de l'entrée de la forêt. Le jeune garçon était loin d'être sûr de son coup et avant de pénétrer dans la forêt, il s'installait sur une vielle souche d'arbre, à quelques pas de l'entrée des bois. Il laissait alors glisser son sac à dos au sol et contemplait la forêt, le regard triste et remplis d'inquiétude. S'il en était là, c'est parce qu'il commençait à culpabiliser et avec les événements récents, son cerveau était totalement chamboulé. Lui qui d'ordinaire était un enfant plutôt intelligent, s'apprêtait à prendre une décision très bête en quittant le campement. A dire vrai, il n'en était pas à sa première fugue, mais la seule fois où il l'avait fait, c'était avant la fin du monde, un soir où il en avaient eu marre d'entendre ses parents s'engueuler. Cette fois, ce n'était pas les engueulades qui le poussaient à fuir, mais simplement son sentiment d'impuissance.

Quand les zombies avaient attaqué le campement, Carl avait été terrorisé, il avait vu plusieurs personnes se faire se dévorer et sans la présence des adultes, il aurait rejoint les rangs des cadavres ambulants. Après tout, peux être que si cela serait arrivé, il aurait représenté un poids en moins pour les survivants? Un peu stupide comme pensée, mais c'était ce à quoi il pensait en regardant cette forêt. Malgré tout, il n'arrivait pas à se décider, devait t-il fuir? Rebrousser chemin et s'entraîner pour devenir lui aussi un héros comme son père? Il y avait la trop de questions auquel Carl ne pouvait pas répondre et dans un profond soupire, il se leva et remis son sac sur l'épaule. Il faisait alors quelques pas de plus en posant un premier pied dans la forêt et ne put s'empêcher de se retourner. Au fond de lui, il n'avait pas réellement envie de faire cela et il guettait le moindre signe qui le ferait revenir en arrière.

Après une grande inspiration et constatant qu'il était seul, Carl fit un nouveau pas dans la forêt, regardant tout autour de lui en serrant son sac sur l'épaule. A présent, il avait les deux pieds dans la forêt, mais se tenait toujours à l'entrée, au bout du chemin de terre qu'il avait emprunté après un croisement en venant du campement. A une petite distance d'où se trouvait Carl, quelques rôdeurs traînaient les pieds dans les bois et ne semblaient pas encore avoir flairé l'odeur de ce petit apéricube.

Il était très tôt le matin, le lendemain de l'attaque du camps qui avait laissé tout le monde meurtri. Lori avait eu beaucoup de mal à dormir. D'ailleurs pratiquement personne n'était arrivé à dormir. Qui le pourrait au vu des circonstances? La jeune maman avait la ferme intention de parler à Carl, elle se doutait que celui-ci serait forcément perturbé par ce qui venait de se passer.
Ce matin-là était bien étrange, Lori en regardant les personnes peuplant le campement, comprenait que chacun avait besoin d'une minute bien à soi pour réussir à se ressourcer. IL lui fallait aller voir Rick, qui lui aussi s'était isolé croyant sans nul doutes qu'il n'avait pas assez bien rempli son rôle de leader. Soupirant doucement Lori se promit d'aller le voir un peu plus tard et essayer de lui remonter le moral, ou tout simplement lui montrer qu'elle était là pour le soutenir, parfois, c'est tout ce dont les gens ont besoin. De se sentir soutenu.
Par contre, rien ne l'avait préparée à ce qui allait suivre...Ce matin-là, Lori n'arrivait pas à trouver son fils, il était nulle part

"Carl?"

Appela-t-elle tout d'abord doucement puis sorti de leur caravane, en tournant sa tête de droite à gauche, commençant à demander à ceux qui étaient là s'ils avaient vus, Lori commença tout doucement à paniquer, ne comprenant pas où est-ce qu'il avait pu passé

"Carl?!"

Cette fois Lori hurla, bien que consciente que tout bruit pouvait attiré les zombies. Soudain, la brunette vit la silhouette de son fils au croisement de deux chemins, dont l'un deux menait vers la forêt. Celui-ci avait son sac-à-dos avec lui, mais... mais que faisait-il?!

"CARL GRIMES! VEUX TU BIEN REVENIR ICI IMMEDIATEMENT"

Hurla Lori affolée, surtout en voyant que des rôdeurs se rapprochaient dangereusement de son fils. Mais qu'est-ce qui lui avait prit? Courant donc pour le rattraper elle le saisit par le bras, puis en se mettant à sa hauteur elle souffla abasourdie

"Mais qu'est-ce que tu fais?! Tu sais que c'est dangereux... Viens vite, tu ne peux pas rester ici!"

En regardant son fils, la jeune femme voyait bien que celui-ci était inquiet, perturbé et voire paniqué... Que lui était-il donc passé par la tête? Les enfants, ça fuguait....C'était peut-être ça? Lori avait peine à y croire... Carl avait choisi ce jour-là - déjà bien pénible pour tous ceux du campement... Pour tenter quoi? Une fugue?! Lori surveillait les rôdeurs et espérait que son fils la suive pour revenir au campement... Mais surtout qu'il lui explique ses agissements. Le jeune garçons était non loin de l'adolescence et semblait déjà enclin à la rébellion interne...

"Carl je ne peux pas te perdre tu comprends, tu ne peux pas partir comme ça... Tu sais maintenant qu'on est dans une situation bien particulière... Tu ne peux pas faire ça... Ni à moi, ni à ton père... On en serait malade... Tu te souviens comment tu as été triste quand on a cru que papa était mort? On serait aussi tristes si on te perdait. Tu comprends?"

Emprunte d'un mélange de tristesse et de colère, Lori s'était déjà mise à lui faire comprendre la dangerosité et la stupidité de ce qu'il avait entreprit. Rester à espérer qu'il entende raison, dans tous les cas, elle ne le lâcherait pas d'une semelle...

Au moment où Carl allait faire quelques pas de plus et quitter le sentier pour pénétrer dans la forêt, il fut pris d'une grande hésitation. Non loin, mais suffisamment pour qu'il est le temps de réfléchir, les rôdeurs déambulaient en se cognant contre les branches. A cet instant, Carl se sentait un peu stupide, il se demandait comment il pourrait espérer survivre seul si la moindre présences de zombie le pétrifiait. Que faire? Revenir discrètement en arrière et reposer son sac à dos comme si de rien était? Ou bien aller au bout de sa décision et risquer de mettre fin à sa courte vie? C'était la un nouveau dilemme pour le jeune garçon qui déglutissait en fixant les cadavres ambulants qui levait la tête comme des animaux égaré. "Ces choses" avaient toujours intrigué Carl, il espérait souvent qu'un jour les zombies redeviennent humains, mais c'était la une pensée bien naïve, car quand bien même cela arriverait, ces personnes étaient avant tout des morts.

"Foutez le camp! Bande de zombies sans cervelles!!"

En cet instant, Carl aurait aimé être armé, un peu plus grand et costaud pour aller affronter ce groupe de rôdeurs. Hélas, il avait encore beaucoup à apprendre et depuis le retour de Rick, Shane avait pris ses distances avec Carl. Ce dernier aimait beaucoup Shane, il était l'une des rares personne à accepter de l'entraîner à se défendre et il était d'ailleurs temps qu'il affronte Rick pour lui demander la permission. En repensant à Shane, puis à son père et par conséquent à sa mère, Carl perdait soudainement le courage de traverser la forêt et s'apprêtait donc à retourner au campement.  Il était toujours convaincu qu'il représentait un poids pour les survivants, mais il n'était plus sûr que son idée de fugue soit bonne. Dans un dernier soupir, le petit Grimes pivota et ce fut à ce moment-là qu'il entendit une voix très familière.

Alors que dans les bois les zombies avaient été interpellés par les voix et commençaient à se rapprocher, Carl croisa le regard de sa mère. Lori était une mère aimante et protectrice, mais son fils savait qu'il allait une fois de plus se faire sermonner. Et dire qu'à quelques minutes près, il aurait rebroussée chemin ni vue ni connue..Maintenant, il allait devoir se justifier et ce n'était pas une chose qu'il aimait faire et il n'était d'ailleurs pas très doué pour cela. Ainsi, quand sa mère courut vers lui et le saisit par le bras, Carl mit un certain temps avant de réagir.

"M'man je.."

A dire vrai, le petit survivant n'avait pas réellement d'excuse et il se contentait de suivre sa mère qui lui expliquait à quel point il aurait pu rendre sa famille malheureuse. Tout ça, Carl le savait, mais comment expliquer à sa mère qu'il n'était plus un bébé et que si on lui refusait de se défendre, il valait mieux qu'il s'en aille pour ne pas être un fardeau? Alors que Lori marchait devant son fils, ce dernier fini par s’arrêter en l'observant marcher. Il regardait alors tour à tour sa mère et le chemin derrière eux.

"Pourquoi tu m'prends toujours pour un bébé?! J'veux pas vous mettre en danger, j'aimerais bien m'défendre tout seul! Shane lui il dit que..."

Carl manquait un peu de confiance en lui et pendant qu'il s'adressait à sa mère, il perdait ses mots et s’efforçait de ne pas détourner le regard et se dit que face à son père, il n'aurait même pas eu le courage de parler ainsi. Quand il croisa le regard de sa mère, Carl se mit soudainement à reculer de quelques pas en jetant quelques coups d’œil vers la foret pour se demander ce qu'il devait faire.

"Ce s'rait mieux si j' partais...Y'a pleins de gens qui son morts et j'ai rien pu faire pour aider.."

La voix de Carl était de plus en plus tremblante, mais il s’efforçait de ne pas pleurer, de cacher ses faiblesses et de paraître plus grand qu'il ne l'était.