La fin de journée s'amorçait doucement apportant avec elle une douce brise qui pouvait faire trembler les plus frileux. D'ailleurs, la silhouette que l'on pouvait repérer aux abords de la forêt s'était emmitouflée dans une sorte de châle de fortune qui lui offrait toute la chaleur dont elle avait besoin. Dans ses mains, on pouvait apercevoir un panier recouvert d'un petit torchon. Le contenu en restait donc le secret bien gardé de la porteuse. Même si avec Carol, il était fort à parier que cela était destiné à l'un de ses compagnons de survie.

Elle était comme ça cette mère de famille. Aidante et prête à se mettre en quatre pour ceux qui protégeaient sa vie et celle de sa fille. Si auparavant, Ed l'empêchait d'agir comme elle le souhaitait, à présent elle était libre de ses faits et gestes et ça lui faisait un bien fou. Oui finie la femme battue et renfermée qu'elle était : Carol avait à cœur de devenir plus forte pour elle et sa fille. Pour cela, elle cherchait à se rendre utile au groupe. Bien que tenir une arme dans ses mains commençait à lui titiller la cervelle, elle en avait encore trop peur pour franchir le pas. Du coup, son rôle était davantage dans le soutien et le confort de chacun.

C'est dans cette optique que ce soir là, elle alla couché Sophia puis rejoignit les quelques autres femmes pour laver la vaisselle du repas qu'elles avaient préparé. Par chance, ils avaient mangé tôt pour une fois et il ne faisait pas encore nuit noire. L'horizon était d'ailleurs agréable à contempler leur dévoilant une nuance de teinte orangée vraiment magnifique. Carol récupéra l'une des gamelles qu'elle avait mis de côté puis la mis dans un panier qu'elle avait pris soin d'amener avec elle. Elle y ajouta une bouteille d'eau et s'éclipsa du groupe pour se diriger tranquillement vers la forêt avoisinante.

Depuis l'attaque, elle n'avait jamais osé se rapprocher de cet endroit qui débordait de mauvais souvenir. Seulement, elle qui voulait que l'on lui détache cette étiquette de maillon faible devait se faire du mal pour ne pas succomber à ses peurs. D'une démarche plutôt timide, elle poursuivit ainsi son trajet jusqu'à arriver à l'orée de la forêt. Fort heureusement, la personne qu'elle cherchait y était encore présent et non entrain de patrouiller parmi les arbres sombres des bois. Elle n'aurait pas pu aller plus loin de toute façon.

Assis sur une chaise de camping, arme sur ses jambes, Dimitri Allen était bien concentré sur son rôle de surveillance. A tel point qu'il ne vit Carol que lorsqu'elle fut presque arrivée à sa hauteur. Cette dernière lui offrit alors un sourire avant de lui annoncer :

ça va, tu ne t’ennuies pas trop ?

Aucun soucis pour le "je" et pour le reste tu es tout pardonné

Par chance, Dimitri n'était pas vraiment en alerte lorsque Carol avait fait son apparition dans sa zone de surveillance. Avec le stress d'une possible attaque et les tensions actuelles du groupe, elle s'était dit que le pauvre pouvait à tout moment prendre peur de son arrivée inattendue et tirer sans vraiment le vouloir. Une balle perdue... Une balle qui pouvait provoquer tant de drame. Certes c'était la peur de la quarantenaire qui parlait et fort heureusement tout se passa sans aucun incident. Dimitri était quelqu'un de calme et de posait. La seule réaction qui fut lisible sur son visage fut la surprise de voir venir une femme comme Carol dans un endroit potentiellement risqué.

Après un échange de sourire de sympathie, la mère de Sophia s'approcha un peu plus de son interlocuteur qui prit alors le temps de lui répondre que tout allait bien. Au final, il semblait plus curieux de connaître la raison de sa présence. Toute fière, ses lèvres s'étirèrent aussitôt et elle leva alors son bras qui tenait à son bout un panier en osier. C'est sûr, il ne devait pas vraiment comprendre pourquoi Carol se réjouissait de lui montrer sa panière. Et pourtant, elle ne cessait de le lui montrer fièrement. Ce ne fut que lorsqu'elle déposa son bien aux pieds de Dimitri qu'il put comprendre le pourquoi de sa démarche.

J'ai pensé que tu aurais faim vu que tu ne pouvais pas être là à l'heure du repas. Je t'ai mis de côté une part du lapin que Daryl nous a chassé ce matin. Tu verras, avec les champignons d'Andréa, on a réussi a faire quelque chose de vraiment sympa. Ah et j'ai glissé aussi une bouteille d'eau dedans.

Les mains libérées de leur fardeau, Carol les glissa dans les poches de son pantalon et commença alors à observer les alentours. Dimitri avait beau lui dire qu'il ne s'ennuyait pas, elle ne comprenait pas comment cela était possible. Certes la vue était magnifique et le fait de se retrouvait au calme pouvait permettre de se ressourcer. Mais pendant des heures ? Non au bout d'un moment, ça devait être long et lassant. Elle se tourna vers le couché de soleil qui était magnifique et tenta alors de faire poursuivre la discussion. Car Dimitri faisait parti de ses personnes avec qui elle se sentait bien...

Je comprends mieux. En fait, tu te portes volontaire juste pour avoir ce magnifique spectacle pour toi tout seul, le taquina-t-elle les yeux pétillants.