Un ciel nuageux s'était imposé ce matin là comme si l'univers avait décidé de laisser les traces des récentes pertes du groupe. Un ciel nuageux accompagné en plus d'un horizon rouge offrant une vision magnifique à ceux qui se levèrent aux aurores. L'un d'entre eux plomba cependant un peu l'ambiance en rappelant une réplique célèbre de film « Un soleil rouge se lève, beaucoup de sang a du couler cette nuit ». Mais très vite, on changea de sujet de discussion et la journée pu prendre son commencement.

Au contraire de la nuit précédente, où l'attaque des rôdeurs était encore trop fraîche dans l'esprit des survivants, cette nuit là avait été déjà plus réparatrice pour la plupart. Carol, sur invitation de Dale qui avait surveillé le camps toute la nuit, avait dormi dans la caravane avec sa fille. Des cauchemars mettant en scène Ed avait rythmé les dernières heures mais malgré cela, la fatigue de la veille s'était quelque peu atténuée. Ne faisant aucun bruit, la maman s'éclipsa du lit et sortit s'aérer dehors. Sans surprise, elle croisa très vite ceux qui ne cessaient jamais de veiller sur le groupe : Daryl, Dale ou encore Shane. Ils avaient de la chance de les avoir parmi eux. Leur survie jusqu'ici était due en grande partie grâce à ce genre de personne.

La mine encore un peu fatiguée, Carol se faufila jusqu'au feu de camps où elle commença à préparer ce qui serait le petit déjeuner de tous. Ils avaient encore une petite réserve de café. Un plaisir que personne ne manquait, tant ces choses là devenaient rares dans ce nouveau monde. Une fois le tout prêt, et qu'elle eut fini sa propre tasse, la maman de Sophia s'attaqua déjà aux tâches qui l'attendaient. Elle était d'ailleurs entrain de repasser avec son matériel de fortune quand Lori s'amena vers elle pour lui demander un service. Souhaitant accompagné Rick pendant quelques heures, elle cherchait quelqu'un pour surveiller Carl. Ce dernier ayant tenté une fugue la veille, elle n'était pas des plus rassurée. Affichant son sourire rassurant, Carol lui répondit sans hésitation.

Bien sûr ! Soit sans crainte. De toute façon, il va falloir que j'aille chercher Sophia donc je vais les occuper tous les deux une fois leur petit déjeuner avalé.

Cet accord conclu, Carol prit le temps de terminer les dernières breloques qu'elle savait qu'on lui demanderait. Puis, rangeant le tout dans le panier commun, elle s'engagea en direction du camping car de Dale, là où Sophia dormait encore paisiblement. Malheureusement, sa surprise fut grande lorsqu'elle constata que sa fille n'était plus là. Elle ressortit rapidement et tenta un rapide coup d'oeil sur le camps. Aucune trace d'elle. L'idée d'une nouvelle fugue empoisonna son esprit la laissant paniquer de plus en plus. Carl... Oui Carl était son meilleur ami ici. Si Sophia n'était pas avec elle alors elle devait être avec lui. D'un pas précipité, Carol fonça vers la tente des Grimes mais son attention fut attirée par la silhouette du jeune garçon qui s'éloignait du cœur du camps.

Carl ! S'écria-t-elle inquiétant au passage les quelques membres du groupe qui étaient présents.

Elle accourut dans sa direction dans l'espoir où il saurait lui dire où s'était réfugiée sa fille.

"Moi aussi j' t'aime maman.."

Alors que le jour se levait à peine, Carl immergeait doucement, enfouie sous trois couvertures. Cette nuit de sommeil avait fait beaucoup de bien à Carl, ses idées étaient un peu plus claire et en croisant le regard de sa mère ce matin, il trouvait vraiment bête son geste de la veille. Après l'attaque du campement, le jeune garçon avait été quelque peu chamboulé, pire encore il s'en était voulu de n'être qu'un enfant et avait tenté une fugue qui heureusement avait avorté. Carl en avait marre d'être traité comme un simple enfant, mais comme le lui avait fait comprendre sa mère, ce n'était pas avec une telle réaction qu'il serait considéré comme une grande personne. Il avait tenté de fuir par les bois, de survivre tout seul, mais hormis paniquer en regardant les rôdeurs, il n'avait pas fait preuve d'une grande bravoure.

Ainsi, en sortant de son lit de fortune, le petit Grimes avait encore l'esprit porté sur le jour précédent, mais il était quelque peu apaisé et affichait une mine moins renfermé. Il regardait sa mère quitter la caravane et se demandait comment elle et son père auraient réagis s'il se serait vraiment enfuis. Il ne faisait aucun doutes qu'il leur aurait fait beaucoup de mal et Lori avait d'ailleurs bien insisté sur ce point et sur l'amour qu'elle et son père lui portait. Lui aussi aimait beaucoup ses parents, il leur reprochait simplement de ne pas lui laisser assez de responsabilités, chose qu'il arrivait mieux à trouver auprès de Shane qui hélas était de plus en plus distant.

Une fois habillé, Carl sortait de la caravane et observait le ciel, très nuageux, mais qui dégageait une certaine chaleur. Il était encore très tôt et le calme régnait sur le campement où quelques personnes étaient déjà à la tâche. En voyant Carol qui discutait avec sa mère, le jeune garçon décidait de ne pas aller les déranger et partait plutôt en direction de la caravane de Carol et de son défunt mari que personne ne regretterait. Toutefois, il y avait une autre personne dans la famille Peletier et ce n'était autre que la meilleure amie de Carl. Ce dernier avait à peine onze ans alors parler de petite amie était un bien grand mot qui le faisait toujours rougir. Quoi qu'il en était, les deux enfants étaient des confidents, des amis de jeux et bien évidemment ils leur arrivaient aussi de se fâcher. D'ailleurs si le petit survivant décidait d'aller voir son amie si tôt, c'était parce qu'il avait peur qu'elle soit fâchée après lui car, il ne lui avait pas parlé de sa tentative de fugue.

Sophia avait appris ce qu'avait fait Carl par sa mère, mais il ne lui avait pas dit directement. La petite venait de perdre son père et si mauvais avait-il été, il avait tout de même été son père. Par conséquent, Carl n'avait pas voulu déranger son amie dans cette période difficile et d'un autre côté aussi, il ne savait pas comment la réconforter et était plutôt gêné. Il y songeait tout en se dirigeant vers camping car de Dal ou son amie dormait et comme à son habitude, il tapotait au hublot.

"Sophia! Hé Sophia!" Chuchotait, Carl.

Hélas, aucune réponse et en escaladant un peu le rebord du véhicule, Carl s'aperçut que Sophia n'était plus là. Il regarda alors au loin en direction de Carol mais, cette dernière n'était pas avec sa fille. Le jeune garçon réfléchit un petit moment et se mit à accélérer le pas, se persuadant de retrouver son amie dans leur planque habituelle. Ils avaient en effet leur petit endroit secret, leur petite cabane improvisée un peu un retrait du camp. Alors qu'il s'éloignait un peu des adultes, Carl entendait son nom et s'arrêtait alors net, comme s'il était coupable de quelque chose. Depuis sa fugue, certaine personne le surveillait d'un œil et le petit n'était pas dupe et cela l'agaçait quelque peu.

"Bonjour Carol tu heuu...tu vas bien?"

Carol avait couru jusque Carl et ce dernier pensait immédiatement à Sophia. D'un coté il espérait que la mère de son amie ne lui apprenne pas une mauvaise nouvelle et de l'autre, il avait peur de créer des problèmes à Sophia s'il disait à Carol qu'elle était partie dans leur cabane qui était assez loin de la surveillance et de la protection des adultes. Tout en regardant Carol, Carl lui offrit alors un petit sourire gêné.

La panique était perceptible dans les yeux et la gestuelle de la maman qui ne faisait qu'accélérer son pas de course au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de Carl. Dans sa tête, les pires choses fusaient tel un feu d'artifice qui tournait à la catastrophe. Et si sa fille avait pris modèle sur le jeune homme pour s'offrir une fugue qui lui serait fatale. Et si Sophia n'avait pas supporté la mort de son père et avait décidé de mettre fin à ses jours. Et si... toutes les hypothèses catastrophiques étaient les bienvenues à cet instant dans son esprit et son cœur s'emballait sous l'effet de la panique... ou peut-être aussi sous l'effet de l'effort fourni pour rejoindre le meilleur ami de sa fille. Sophia était tout ce qui lui restait en ce monde. Si un malheur lui arrivait, elle ne s'en remettrait pas. Non c'était impossible. Sa fille était son oxygène, sa raison de vivre.

Alors que des regards inquiets se tournaient vers la criarde, sans doute encore sous le choc des événements des derniers jours, Carl lui restait fixé sur le lointain. Toutefois, il avait stoppé son avancée, signe qu'il l'avait bien entendu. Rassurée, Carol ne faiblit pas et se rapprocha toujours plus de lui. Il fallut attendre qu'elle soit presque à sa hauteur pour qu'il se retourne enfin vers elle et qu'il daigne la regarder avec un timide sourire. Le souffle haletant, la mère inquiète du se poser quelques secondes pour reprendre sa respiration avant de prendre la parole.

Carl ! Est-ce que tu as vu Sophia ?

On sentait à la fois la peur qu'elle ressentait mais aussi son côté protecteur et féroce qui parlait. Elle avait besoin qu'on l'aide car à tout moment sa fille pouvait commettre une erreur irréparable. Et bien qu'elle n'en avait aucunement la certitude, elle gardait espoir en la personne de Carl pour l'aidait. Après tout, hormis sa mère, Sophia avait su donner sa confiance également au jeune homme. Alors si une personne dans le groupe pouvait l'aider à cet instant précis, il s'agissait bien du fils de Lori et de Rick.

Tandis que les activités de chacun reprenaient en constatant qu'il n'y avait pas vraiment d'alerte, le duo Carol et Carl restait figé dans leur propre espace temps, s'échangeant des regards lourds de sens. La gêne qu'il affichait dans son sourire était si révélatrice. Ou était-ce simplement un côté psychopathe qui pointait au bout du nez de la veuve. Quoiqu'il en soit son cœur lui disait que le garçon avait les réponses à ses questions et elle comptait bien tout faire pour qu'il lui parle. Son cœur de maman prit ainsi le dessus. S'agenouillant devant le garçon, elle lui prit les mains et plongea ses yeux suppliant dans les siens.

Carl, c'est important. Il pourrait lui arriver n'importe quoi. Surtout après tout ce qui vient d'arriver. Je t'en prie, si tu as ne serait-ce que la moindre idée où elle a pu aller il faut me le dire. Je suis sûre que tu tiens à elle autant que moi. Toi aussi tu ne voudrais pas qu'il lui arrive malheur.

Le silence s'immisça entre les deux protagonistes pour laisser la réflexion qu'il fallait au jeune garçon. Avait-elle raison de porter tous ses espoirs en sa personne ?